Emanuel Lasker (1868 à Berlinchen, Prusse (aujourd'hui en Pologne) - 1941 à New York) est un joueur d'échecs et un mathématicien allemand. Champion du monde d'échecs, il est vu comme un joueur qui préfère affronter psychologiquement l'adversaire. Depuis la création officielle du titre de champion du monde, en 1886, il est celui qui l'a conservé le plus longtemps, de 1894 à 1921, soit 27 ans, mais avec près de vingt années (de 1898 à 1906 et de 1911 à 1920) où il ne mit pas son titre en jeu.
Lasker naquit en 1868 à Berlichen. À l'age de 11 ans, il vint à Berlin où il étudia les mathématiques avec son frère aîné Berthold (huit ans plus vieux). Son frère lui apprit à jouer aux échecs.
Après quelques succès en Allemagne en 1889, Lasker partit en Angleterre en 1890 et y remporta de nombreux matchs, notamment contre Bird, Mieses et Blackburne. En 1894, il lança un défi au maître Siegbert Tarrasch qui venait de remporter plusieurs très forts tournois, mais Tarrasch refusa de l'affronter en match, qualifiant ses succès de « victoires à la douzaine ».
Article détaillé : championnat du monde d'échecs 1894.
Qu'importe pour Lasker, il partit en Amérique où résidait Wilhelm Steinitz.
Il mit fin au règne du premier champion du monde avec le score 12–7 (+10 -5 =4).
La première sortie de Lasker en tant que champion du monde fut décevante : en 1895, il termina 3e du tournoi d'Hastings derrière Tchigorine et le surprenant vainqueur Pillsbury.
En 1895-1896, Lasker prit le dessus sur ses principaux adversaires en gagnant le tournoi de Saint-Pétersbourg devant Steinitz, Pillsbury et Tchigorine (Tarrasch n'avait pu participer au tournoi). Dans ce tournoi, les joueurs affrontaient six fois chacun de leurs adversaires. Lasker remporta ensuite le tournoi de Nuremberg en 1896, et celui de Londres en 1899 où il s'imposa avec 4,5 points d'avance. Enfin, en 1900, il remporta aisément le tournoi organisé à Paris pour l'exposition universelle.
En 1896-1897, Lasker gagna la revanche du championnat du monde contre Wilhelm Steinitz, disputée à Moscou, sur un score encore plus sévère que le premier match : 12,5–4,5 (+10 –2 =5).
Joueur professionnel d'échecs, Emmanuel Lasker était docteur en mathématiques et fit des études en philosophie.
En 1895, Lasker avait publié deux articles de mathématiques en algèbre commutative où il étudiait la décomposition primaire des idéaux d'un anneau. En 1900, sur les conseils de David Hilbert, il reprit ses travaux et soutint sa thèse en 1902. En 1905, il publia un article important qui fut développé par Emmy Noether.
En 1906, 1913 et 1918, Lasker publia un article et des livres où il exposait ses idées en philosophie.
Les apparitions de Lasker dans les tournois étaient rares car ses prétentions financières étaient élevées : Lasker voulait s'assurer de quoi vivre. C'est pourquoi il ne revint dans les tournois qu'en 1904. Il fut devancé au tournoi de Cambridge Springs par Frank James Marshall et perdit deux parties. En 1907, il accepta le défi du joueur américain pour un championnat du monde, le premier depuis 10 ans. Lasker s'imposa sans difficulté (+8 -0 =7). En 1908, le match tant attendu avec Tarrasch eut lieu : Lasker l'emporta aisément (+8 -3 =5) et clarifia sa suprématie dans son pays. L'année 1909 fut active pour Lasker : il dut s'employer pour remporter le tournoi de Saint-Pétersbourg, à égalité avec Akiba Rubinstein contre qui il s'inclina. Puis deux matches contre David Janowski : l'un s'achèva par la nulle (+2 -2), l'autre par une nette victoire (+7 -1 =2) qu'on qualifia à tort de championnat du monde.
Articles détaillés : Championnat du monde d'échecs 1910 (Lasker-Schlechter) et Championnat du monde d'échecs 1910 (Lasker-Janowski).
En 1910, Lasker remit une nouvelle fois son titre en jeu, contre l'Autrichien Carl Schlechter. Il fut pourtant bien près de le perdre contre un joueur réputé pacifique : dans un match en 10 parties, Schlechter devait s'imposer avec 2 points d'écart (il n'y a cependant aucune preuve formelle de cette règle). Il remporta la 5e partie et toutes les autres étaient nulles avant la 10e. Lasker se trouva en difficulté mais lui tendit un piège et Schlechter trébucha. Lasker devint le premier champion du monde à conserver son titre par match nul (+1 -1 =8). Il proposa cependant de continuer le match mais Schlechter déclina l'offre. La même année, Lasker retrouva David Janowski qui fit encore moins le poids que l'année précédente : 8 victoires et 3 nulles pour le champion du monde.
La sortie suivante de Lasker fut à Saint-Pétersbourg en mai 1914. Son adversaire le plus redoutable fut José Raúl Capablanca, dont les succès et le style impressionnaient le monde des échecs par sa simplicité. Le Cubain prit l'avantage au début du tournoi mais dans la deuxième partie finale, Lasker revint très fort et le battit pour finalement le devancer. La Première Guerre mondiale éclata quelques semaines plus tard. Après la grande guerre, Capablanca lança un défi à Lasker. Son pays vaincu, il voulut abandonner son titre sans jouer, mais la bourse proposée à La Havane le convainquit de disputer ce match. Fatigué par le climat cubain, déprimé par la supériorité de Capablanca, Lasker abandonna le match après 14 parties (+0 –4 =10).
Cependant, Lasker continua à jouer. En 1923, il remporta le tournoi de Mährisch-Ostrau, et en 1924, il remporta encore le prestigieux tournoi de New York devant Capablanca et Alexandre Alekhine.
L'année suivante, il fut 2e à Moscou derrière Efim Bogoljubov mais devant une fois encore Capablanca. Il s'ensuivit neuf années sans jouer.
Lasker faisait également partie de l'équipe nationale allemande dans les années 1930 et en 1932, il remporta le premier championnat en couple jamais organisé en Allemagne : l'ASS-Wonderkopal.